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" Je suis né avec la guerre
1939/45 et j'ai toujours pu manger à ma faim grâce à
des parents travailleurs. Mais au printemps 1944, mon
père
a été incorporé de force dans l'armée nazie pour
rejoindre
le front de l'Est et notre longue attente de son retour a
débuté. "
" Après le Débarquement en Normandie, nous avons
tous ardemment souhaité notre libération ... Mon JOUR
LE PLUS LONG est arrivé en Novembre 44 quand j'ai pu
accueillir à Wolfisheim, avec mes petits camarades, les
puissants chars américains. Quelle fête !!! Et le
chewing-gum, le chocolat et le corned-beef ont été fort
appréciés !
En échange, j'ai offert tout le stock de pommes
fraîches qui restait à la cave et j'ai certainement
fait des heureux, trop habitués aux rations de
campagne. J'ai aussi donné mon unique harmonica à un
sous-officier
qui aimait bien jouer de la musique country à ses hommes.
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" Les soldats américains cantonnés à l'ancienne
gendarmerie sont devenus mes 'copains' et je leur rendais
visite tous les jours. Je leur parlais de mon père, ils
me montraient les photos de leurs enfants. "
" J'ai même fait une sacrée surprise à ma mère
en en invitant plusieurs pour le Réveillon de Noël.
Aidée de M. et Mme Metzger, les propriétaires de la
maison, elle a préparé un petit dîner de fête 'américano-alsacien'
qui a ravi tout le monde. On s'est séparé vers minuit,
après des remerciements et des remerciements
et encore des remerciements... "
" Le lendemain matin, nous avons trouvé devant la
porte d'entrée
un petit sapin décoré entouré de cadeaux divers. Nos
amis américains
avaient fait mouvement vers l'Est en cours de nuit et
franchi le Rhin.
- Peut-être allaient-ils retrouver mon père ? me suis-je
dit ! -
Hélas, il était déjà trop tard : en effet, plusieurs
années après,
le jugement déclaratif de décès situait sa disparition
près de Margitta (en Hongrie) au 10 Octobre 1944. "
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